Bonjour !
Où parle-t-on français dans le monde, à votre avis ? La liste est longue : on parle français en Afrique, au Burundi, au Cameroun, en République centrafricaine, au Rwanda, au Tchad, au Gabon, en Guinée équatoriale, au Togo, au Congo, au Mali, en Côte d’Ivoire. On parle évidemment français en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, mais aussi à Madagascar et aux Seychelles. On parle même français en Océanie, à Vanuatu. Mais dites-moi, on parle français partout ! Car j’oubliais le Canada et Haïti, l’Algérie et le Maroc, la Tunisie, le Liban, l’île Maurice et Monaco. Le français est ainsi la cinquième langue mondiale par le nombre de ses locuteurs, après l’anglais, le mandarin, l’hindi et l’espagnol. Elle a un point commun avec l’anglais : ce sont les deux seules langues à être présentes sur les cinq continents. Connaissez-vous le nombre de francophones dans le monde ? 300 millions. J’ai par ailleurs entendu parler cette semaine de la langue des oiseaux. Un rapport avec les oiseaux ? Non, pas du tout. C’est la langue secrète des alchimistes. Cette semaine, je me suis aussi replongée dans la langue de Nietzsche, de Dino Buzzati, de Jean Anouilh, et de Baudelaire. Nietzsche qui accepte de « gaspiller mainte capricieuse tendresse jusque sur des problèmes hérissés d’aiguillons », et qui a « trop conscience de l’avantage que lui donnent les vicissitudes de sa santé sur les Hercules de l’esprit ». Nietzsche qui nous explique qu’il n’y a qu’une exégèse du corps, parce que « nous ne sommes pas des grenouilles pensantes, des appareils enregistreurs aux entrailles frigorifiées ». Nietzsche qui « n’accusera personne, même pas les accusateurs », car il veut être en permanence un homme qui dit oui. Nietzsche qui vit « l’ivresse de l’X », et qui revient de ces abîmes avec « quelques points d’interrogation supplémentaires », et qui « interroge avec davantage de silence », pendant que nous nous laissons « administrer les joies de l’esprit », parfois à grands renforts de spiritueux, en oubliant que les grecs étaient « superficiels par profondeur ». Dino Buzzati qui nous décrit « un rouge à lèvres qui se détache comme une fleur épanouie ». Anouilh qui nous parle de celui qui joue « au jeu difficile de conduire les hommes ». Et Baudelaire qui n’en peut plus, qui n’en peut plus parce que son enfer est d’autant plus infernal qu’il ne l’est pas tout le temps, tout comme l’imagination chez Pascal, « d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours ». « Ô douleur ! Ô douleur ! Le temps mange la vie, et l’obscur ennemi qui nous ronge le cœur au sang que nous perdons croît et se fortifie ». Le chaos du temps est insupportable, au moins autant que le nouvel époux de sa mère, le commandant Aupick. J’irai me réfugier dans « l’étreinte de l’éternité », là où le bonheur ne peut créer aucune historicité, là où le temps devient une fresque, là où je suis la source du temps. Là où on peut comprendre « le langage des fleurs et des choses muettes » : « tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme, et volupté ».
Je vous quitte cette semaine sur deux informations qui évoqueront pour vous peut-être, tout comme pour moi, la célèbre phrase de Tertullien, son credo quia absurdum. La première : en 2020, les neuf États possédant l’arme nucléaire ont dépensé plus de 60 milliards d’euros par an dans leur arsenaux nucléaires. Soit 114000 euros par minute. Je crois, parce que c’est absurde, parce qu’il a fallu attendre 1965 pour que les femmes obtiennent le droit d’ouvrir un compte en banque et d’exercer une profession sans l’autorisation de leur mari. Elles ont davantage de diplômes que les hommes, mais accèdent souvent à des professions moins intéressantes. Si j’étais un seigneur, j’irais demander conseil à mon vassal, car là, je suis un peu perdu. Ou plutôt, je crois, parce que c’est absurde.
Je vous souhaite une semaine nietzschéenne, baudelairienne, dinobuzzatienne, où le chaos du temps vous serait doux, et où vous croiriez tout simplement, par forcément parce que c’est absurde.